Lidia Jorge est une des grandes romancières portugaises contemporaines. Elle est née le 18 juin 1946, dans une famille de paysans aisés installés dans le village de Boliqueime en Algarve au sud du Portugal. Lorsqu'elle était enfant, les hommes de sa famille partaient travailler hors du village et elle restait avec les femmes. À l’époque, chez elle, il n’y avait ni télévision, ni de poste de radio, alors, le soir, quand les femmes se rassemblaient pour travailler, elle leur faisait la lecture et c’est ainsi qu’est né chez elle le besoin d’écrire. Elle explique également qu’elle développe alors un besoin de répondre aux textes qu’elle lit. À 16 ou 17 ans, quand elle commence à écrire, elle lit Marguerite Duras ou Alain Robbe-Grillet en français. Puis, elle découvre William Faulkner et ses romans qui traitent d’un monde rural, où la religion et le destin sont des notions très présentes.
Lidia Jorge ne pense pas la littérature comme un divertissement. Un roman, selon elle, doit inquiéter et, même, éventuellement, « faire bondir le lecteur de sa chaise ». Elle envisage d’ailleurs la littérature comme le plus dense des arts, « celui qui doit résister à la tentation de la frivolité ». Pour elle, la littérature doit faire réfléchir et non pas divertir. Dans notre société, les moyens de se divertir ne manquent pas, et sont souvent plus faciles d’accès que la lecture mais aussi plus rapides ou plus confortables. Notre société n’est-elle d’ailleurs pas de plus en plus en demande de divertissement « libre-service » ? Alors, selon Lidia Jorge, la création littéraire ne doit surtout pas succomber à cette tendance mais au contraire, les histoires qui la portent doivent créer une atmosphère qui dérangera suffisamment le lecteur pour l’amener à se poser des questions et tenter d’y apporter une réponse.
Considérée comme une des figures majeures de la littérature dans son pays, elle est également reconnue à travers l’Europe. En 2000, elle dépasse les frontières lorsqu’elle remporte le Prix Jean Monnet qui récompense l’écrivain européen et le roman européen de l’année5. En 2005, elle reçoit le grade de commandeur de l’ordre des Arts et Lettres français. Aujourd’hui ses oeuvres sont traduites dans de très nombreuses langues comme l’allemand, l’anglais, l’espagnol, le français, le grec, le hongrois, l’italien, le néerlandais, le roumain et le suédois ce qui ne fait que confirmer son statut d’écrivain européen.